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Azemmour: la ville de l’art et de l’histoire !
Par Mohammed Marouazi
Azemmour trône majestueusement sur une haute falaise escarpée, noircie par le temps. Cette ville chérit tellement Oum Errabi qu’elle s’y agrippe, y baigne et s’y reflète.. Belle ville blanche, perchée hardiment sur un talus, écarquillant ses lucarnes pour contempler éternellement les cours des eaux et de l’histoire.
La façade riveraine , aussi splendide soit-elle, cache des merveilles bien plus fascinantes. La médina regorge de remparts, de zaouïas, de kasbas. Ses maisons basses, blanchies à satiété, aux seuils crevassés, gardent jalousement les secrets d’une ville bi-millénaire. Ses ruelles sinueuses, racontent la glorieuse épopée du «rameau d’olivier», la ville paisible et prospère et d’ « Azama », la ville guerrière refoulant envahisseurs et corsaires.
Quand on arpente nonchalamment la principale artère de la médina, hors de l’enceinte de la citadelle, on s’enlise dans une ruelle grouillante, rétrécie par les étalages, à même le sol, d’une variété de menus articles ensorcelants. On exhibe: poteries ornées, motifs de henné, ta3rijas décorées… Les lignes et les couleurs s’entrelacent d’une manière à la fois spontanée et harmonieuse et font de ces braves gens des artistes de père en fils et de mère en fils, à l’instar de Houssine et Chaibia Tallal. La ruelle montante culmine au sanctuaire du Saint vénéré, Moulay Bouchaib Erreddad , « le donneur de garçons » comme le dénomme certains pèlerins en quête de fécondité ou de naissances masculines.
Les azemmouris, citadins enracinés et fins de surcroît, maîtrisent habillement l’art de la convivialité. Réputés chauvins, sans être xénophobes, ils se plaisent à évoquer, à tout propos, le passé d’une cité, jadis, plus célèbre que Fes, une cité qui a donné des fils illustres et de grands “raïs” tel que Said Benhaddou, Estivanicos, le gouverneur de Floride.
Azemmour où es-tu ? Je ne te vois plus. Charmante petite ville sereine, où sont tes cafés maures tapissés de nattes de jonc où circulaient ces verres de thé bombés gorgés de menthe? Où sont tes vergers et tes norias ? Où sont les fameux plats de Chabel (l’alose) du bon vieux temps ? Eh oui, “plus je me remémore, plus le vécu d’autrefois s’enrichit et se diversifie, comme si la mémoire ne s’épuisait pas.”
Azemmour d’antan n’est plus qu’un vague tableau poétique où se chevauchent les pinceaux de Dibaji, d’Al Azhar, de Habbouli, de Kalmoun, de Khallouk, de Chrigui, de Lahlal , d’El Amine, de Hamidi et de bien d’autres maîtres de la peinture, car, c’est connu de part le monde, les azemmouris sont artistes de nature.
Azemmour cache orgueilleusement son charme, ses secrets et ses trésors. Il faut prendre le temps d’y flâner pour mieux les découvrir.
Mohammed Marouazi